Du samedi 17 au dim. 25 juillet
Exposition de peinture et sculpture
De 15 h à 19 h
Salle polyvalente

 

Samedi 17 juillet
Récital de piano et hautbois
À 20 h 45
Chapelle Saint-Joseph

 

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Le développement Retour


La Libération

Les habitants du Hôme ont reçu l'ordre d'évacuer pour le 3 mars 1944. Ceux du Bourg n'ont pas reçu d'ordre mais, libérés par les Alliés le 6 juin, réoccupés par les Allemands le 7, ils ont dû fuir sous les bombardements de la marine alliée. Une vingtaine de familles ont cru pouvoir attendre les libérateurs dans des fermes isolées du marais. Injonction leur est faite de quitter les lieux le 13 juillet. Il n'y avait donc plus âme qui vive sur tout le territoire de la commune quand la Brigade Piron a libéré des ruines le 23 août, deux jours avant la Libération de Paris.

L'exode

Tous les Varavillais ont dû abandonner leur maison dans la précipitation. Démunis d'auto (il n'y pas d'essence), ils sont partis à pied pour la plupart, quelques-uns à vélo, des cultivateurs avec une charrette à cheval. Pour transporter le peu qu'ils ont pu emporter, il y a le baluchon sur le dos ou au bout des bras, quelque fois une petite remorque accrochée au vélo, une brouette, une charrette à main. Quelques-uns savaient où ils voulaient aller, dans la famille, en des coins présumés plus tranquilles. En général, ils avaient une idée pour la première étape. Après, ils prendraient la direction de l'Eure, ou de l'Orne ou du sud du Pays d'Auge. Certains, à force de fuir devant le danger, se sont retrouvés au milieu de la bataille de la poche de Falaise. D'autres sont arrivés au Mans quand ils ont appris, à la radio, la libération de Varaville. Quand cette nouvelle est parvenu aux Varavillais en exil, cela fait 6 semaines que les derniers partis ont quitté leur maison, 6 mois pour ceux de Hôme, premiers expulsés. Pendant ce temps, on a vécu sous la menace toujours possible d'un bombardement ou d'un mitraillage. Quand on se remet en route, on ne sait pas dans la paille de quelle étable on essaiera de dormir la nuit suivante. Trouvera-t-on à manger ?. Pourra-t-on se faire une vraie toilette ?. On ne sait jamais. Tout se complique encore quand il y a des enfants, ou que l'on promène dans la charrette la grand-mère qui n'a pas quitté sa maison depuis des années. On en a vite assez de cette vie de bohême, on a hâte de rentrer chez soi.

Les revenants

Certains ne reviendront jamais. Trois Varavillais, un homme et deux femmes ont été tués au cours de l'exode. Les retours vont s'échelonner en septembre et octobre. A part la peur des mitraillages qui a disparu, la route du retour, toujours à pied, par étapes est aussi une rude corvée. Les routes ont souffert, il y a des trous d'obus énormes à contourner. Il y a surtout certains villages à traverser qui ne remontent pas le moral : ils sont en ruines. Une famille est passée par Caen pour rentrer à Varaville. Elle a vu l'horreur, le centre ville soufflé par les bombardements aériens, achevé par les bombes incendiaires, réduit à un immense tas de cailloux d'un mètre de haut. On se demande ce qu'on va trouver en rentrant. C'est pour avoir une réponse à cette question que chaque groupe, avant la dernière étape, envoie un ou deux cyclistes en éclaireurs pour constater l'état des lieux.

L'état des lieux - Le bourg

Tout ce qui se situait au carrefour de l'auberge est détruit. En regardant la rue principale (aujourd'hui, avenue de la Libération) sur la droite, on est surpris de voir une maison quasiment intacte : c'est la Mairie-Ecole. Elle doit même être surprise de se trouver si seule. A gauche, vue de loin, la maison Labarrière fait encore bon effet. De plus près, on constate qu'il n'y a plus d'ardoises sur le toit, que portes et fenêtres sont arrachées et qu'il y a quelques trous dans les murs, dont un par où on peut passer aisément. C'est pourtant ce qu'il y a de mieux sur le côté de la rue jusqu'à la ferme Laviec qui a gardé ses quatre murs. Entre les deux, il y a l'église (il y avait l'église). Elle n'a plus ni nef, ni clocher. Le choeur en comparaison est mieux. Certes, il n'y a plus ni toit ni voûte. Il y a une brèche de quelques mètres de large du haut en bas dans le mur Sud; mais ça a encore l'air de quelque chose.

Le marais

Sur la chaussée, le domaine Harcouel, un peu à l'écart, n'a pas trop souffert. Plus loin, la famille Gauguin a retrouvé une maison debout, à laquelle il manque des portes, des fenêtres et beaucoup d'ardoises; mais ils n'hésiteront pas à y rentrer. Situées en des coins perdus, les maisons de la "Vieille Rivière" et du "Chemin de le l'Anguille" pouvaient se croire à l'abri. Il n'en reste qu'une d'intacte, toutes les autres sont sinistrées; de même à la "Cour du Bac". Le plus gros dégât, c'est sans doute l'inondation. Les prairies des marais sont des polders protégés des marées montantes par les digues de la Dives. Les Allemands avaient inondé le marais pour empêcher les parachutages alliés. Cette inondation fut en effet mortelle pour de nombreux parachutistes dans la nuit du 6 Juin. Elle n'était pas dangereuse pour les prairies car c'était de l'eau de rivière. Cette fois, des bombes ont crevé une digue de la Dives. De l'eau de mer a envahi le marais. Il restera improductif pendant des années. Quant à la belle plantation de pommiers qui faisait la fierté de Mr Gauguin, elle périra toute entière à cause de ce bain de pied prolongé dans l'eau de mer.

Le Hôme

Le Hôme avait déjà souffert de l'occupation de ses villas par les troupes allemandes. En dernier lieu, les parcs, qui faisaient le charme de la station, avaient perdu leurs arbres transformés en "Asperges de Rommel". Au cours du débarquement, l'artillerie de marine alliée a fait des "cartons" sur toutes les villas perchées sur les Dunes du rivage. Bombardements gratuits ?. Non, puisqu'on retrouvera un canon pointé vers le large dans le salon de la villa "Les Quatre Vents". On l'avait peut-être laissé en échange du piano disparu. Toutes les maisons du Hôme, la Chapelle et le Préventorium sont sinistrés. Peu de destructions totales, mais partout des murs percés par des trous d'obus, des toitures envolées, des cloisons soufflées, des portes et des fenêtres arrachées ou branlantes. Surtout entre la route de Cabourg et la mer, tout est miné, les parcs des villas, le golf et la plage, hérissés de ferrailles anti-chars reliées par des barbelés. Ce sont des mines anti-personnel. Plus tard, on en découvrira d'autres de gros calibre: mines anti-chars enterrées sur le chemin de la ferme. Cette découverte procurera une belle frayeur rétrospective aux revenants qui sont passés et repassés dessus sans se douter de rien. Une petite consolation quand même dans ces malheurs: les navires alliés, les barges du débarquement ont eu quelques avaries provoquant la perte des colis destinés au ravitaillement de la troupe, compatissante, la mer en dépose un certain nombre sur la plage. On y trouve des trésors, des choses dont on a perdu le goût après des années de restriction : du vrai café, du thé, du riz, des rations pour les soldats et même parfois du chocolat, une friandise que les plus jeunes enfants n'ont jamais goûtée. Quand ils ont découvert cette manne providentielle, les pêcheurs d'épaves ne ratent pas les rendez-vous de la marée.

Pillage

Qu'ils soient du Bourg, du Hôme ou du marais, les "revenants" constatent que leurs maisons ouvertes à tous vents ont déjà été visitées: des pillards sont passés par là. C'est hélas une règle générale; les lendemains de catastrophe attirent toujours des gens qui profitent du malheur des autres. Des artisans qui avaient pris soin de mettre en sécurité leur outillage professionnel ne retrouvent plus rien. Dans les maisons, il manque des meubles, très souvent du linge, de la vaisselle. Inutile de chercher dans la cave les bouteilles que l'on conservait pour de futures fêtes de famille.

Un rude hiver

La météo de l'hiver 1944-1945 fut rude pour tout le monde, mais particulièrement pour les "revenants" qui ont décidé de rester dans leur maison retrouvée. Il ne sont pas très nombreux. Beaucoup de Varavillais, constatant le délabrement de leur demeure, ont cherché refuge ailleurs, à Cabourg en particulier. La Mairie elle-même, pendant quelques mois, abandonnera le territoire communal pour s'installer à Cabourg, dans la salle de la villa "La Gerbe d'Or". Ceux qui restent sur place récupèrent des ardoises ou des tuiles pour boucher les trous du toit. On colmate les trous dans les murs. On rafistole portes et fenêtres. Impossible de se procurer des carreaux. Quelque fois, on a la chance de retrouver au mur des photos de famille dans leur cadre. On démonte le cadre et on récupère le verre, ça fait une fenêtre presque neuve. On bouchera les autres avec du carton, ou si on a la chance d'en trouver avec du papier transparent. Le pire, c'est le manque d'électricité. Elle mettra longtemps à revenir, surtout dans les écarts. Les veillées à la bougie seront courtes. Pour les courses, il n'y a plus de commerce sur place; il n'y a que la marche à pied ou à bicyclette. Du Hôme, on va sans problème à Cabourg. Si on prend la chaussée pour aller à Dives ou à Cabourg, il faut se renseigner sur les heures de marée. La passerelle pour piétons, sur la Dives peut se retrouver noyée en cas de grosses marées. Il faut alors passer par Robehomme. Les hibernants de 1944-1945 qui viennent à la messe du dimanche peuvent tenir dans la pièce la plus habitable de la maison Labarrière, plus tard dans un bungalow situé de l'autre côté de la route de Cabourg.

On renaît petit à petit

Au cours de l'année 1945, la situation s'améliore lentement mais sûrement. Les Varavillais n'auront plus à chercher leur mairie à Cabourg, elle revient au Hôme dans la villa "Les Oiseaux". Venus du camp de prisonniers de Fleury sur Orne, des soldats Allemands installés dans la colonie de vacances "La Corbeilloise" procèdent au déminage du Hôme. Mission périlleuse: un démineur trouvera la mort sur le terrain du golf. Les particuliers peuvent aussi embaucher des prisonniers pour des travaux chez eux ou sur leurs terres. Ces pauvres bougres n'inspirent plus la crainte mais la pitié. Entre victimes de guerre, on peut se comprendre. Des relations se nouent, certaines se prolongeront quelque temps par une correspondance, quand les prisonniers seront rentrés chez eux. Modeste prélude à une réconciliation encore impensable. Sur ce qui reste du choeur de l'église du Bourg, on pose un toit de tôles, on bouche la brèche par une palissade en bois. La paroisse retrouve un lieu de culte un peu plus vaste en attendant mieux. En septembre, l'école réouvre ses portes. Les petits Varavillais ont été privés d'une année scolaire. Privation qu'ils ont supporté courageusement sans protester. Au Bourg, trois baraquements vont accueillir des familles dont les maisons sont inhabitables. Les commerçants se réinstallent tant bien que mal, aussi vite qu'ils le peuvent. Les acheteurs eux, ont toujours besoin de tickets de ravitaillement pour nombre de marchandises. L'essence se débite toujours au compte-gouttes. Mais, on espère que ça va changer. Sur la commune, si presque toutes les maisons sont sinistrées, la grande majorité n'exige que des réparations plus ou moins importantes. Les services du Ministère de la Reconstruction et du Logement, MRL, noyés sous des milliers de dossiers, font de leur mieux pour activer la remise en état de ce qui est réparable. Cinq ans après le débarquement, les choses ont bien avancé. En 1949, l'Abbé ETIENNE, dans son presbytère du Hôme réparé, peut accueillir décemment son évêque Mgr PICAND venu bénir la chapelle restaurée. Elle a perdu son joli clocheton octogonal, remplacé par un carré d'ardoises sans grâce, mais elle est couverte, ornée de vitraux neufs, capable d'accueillir paroissiens et estivants. Pour la circonstance, on a abondamment décoré la façade et l'intérieur. C'est une belle fête. Pour que le Bourg ne soit pas jaloux, l'après-midi, l'évêque va y bénir la première cloche promise au clocher de la future église. Comme ce clocher n'en n'est pas encore à l'état de projet, on a bâti à l'entrée du cimetière un mini-clocheton. La cloche n'y est pas à l'abri, mais le sacristain Marcel Leroux pourra sonner l'angélus, inviter les paroissiens à la messe et carillonner mariages et baptêmes.

Ce qu'il reste à construire

On a mis environ cinq ans pour réparer ce qui était réparable et on peut considérer que la bénédiction de la chapelle du Hôme restaurée fêtait la fin de cette première étape. Pour les bâtiments qui avaient subi des dégâts tellement importants qu'il n'était pas question de réparer mais de faire du neuf, il a fallu beaucoup de temps, et pour les sinistrés beaucoup plus de patience. L'estimation de la valeur du bâtiment détruit est une affaire d'experts tous débordés. La plus ou moins grande vétusté réduit le montant des dommages. Si le propriétaire n'est pas d'accord, il peut demander une contre-expertise. Ca prend du temps. Puisqu'il s'agit de faire du neuf, il faut avoir recours à un architecte dont le projet sera soumis à une commission, pour obtenir le permis de construire. Pendant ce temps-là, les sinistrés logent dans des baraquements ou comme ils peuvent. Il en est ainsi pour le presbytère du Bourg. Le curé n'est pas le plus mal loti puisqu'il a à sa disposition le presbytère du Hôme. Il renonce d'ailleurs à revenir dans un nouveau presbytère au Bourg et la commune peut disposer des dommages de la reconstruction à un autre usage. Ce sera une grande maison pour loger deux familles. L'avis favorable des services de la reconstruction ne sera obtenu qu'en 1950 et la nouvelle maison ne pourra accueillir ses premiers locataires qu'en 1954. Ils auront attendu dix ans pour retrouver un vrai toit. Quatre familles qui étaient candidates pour ces appartements devront encore patienter.

Rebâtir l'église

Bien triste est le spectacle qu'offre l'église dix ans après le débarquement. Les bombardements alliés ont détruit la nef. Les Allemands ont fait sauter le clocher avant de partir. Le choeur du XIIIème siècle n'a plus de voûte, il garde deux murs intacts, le troisième est ouvert par une large brèche sur toute sa hauteur. On l'a coiffé d'une toiture en tôles, on a bouché la brèche par une palissade. La paroisse s'y entasse tant bien que mal, mais ca ne peut pas durer. Rebâtir mais comment ?. Il y a quelques nostalgiques qui aimeraient voir renaître à l'identique l'église de leur communion, de leur mariage. C'est possible mais pas souhaitable. Mis à part le choeur, l'ancienne église n'était ni belle ni pratique. De la nef, sans style, étroite et tout en longueur, il était difficile d'apercevoir l'autel au delà des soubassements du clocher. On pouvait faire mieux. L'abbé Etienne est bien de cet avis mais il a sa petite idée très personnelle. Il trouve l'église trop grande pour la population du Bourg et la chapelle du Hôme trop étroite pour accueillir la marée des estivants en juillet et août. Il suggère de prendre sur les dommages de reconstruction de l'église pour agrandir la chapelle. Il y avait là de quoi déclencher la guerre entre le Hôme et le Bourg. Le Conseil Municipal soucieux de paix civile et de réélection fait la sourde oreille. On fera du neuf. Beaucoup de communes sinistrées ont déjà rebâti leur église. Quelques unes à l'identique, quand elles avaient une certaine valeur architecturale, d'autres dans un style très classique, certaines résolument modernes. Spécialement chargé par le Maire du dossier de l'église, l'adjoint M. Charles Labarrière ne manque pas de but de promenades dominicales. Il va voir ce qui se fait ici et là. Ca peut donner des idées. Mais en dernier ressort, c'est l'affaire de l'architecte de la commune M. Simon Vermont.

Plan-plan rataplan

En octobre 1951, l'architecte offre au choix du Conseil municipal quatre avant-projets, plans et esquisses. C'est le quatrième qui reçoit l'adhésion unanime du Conseil Municipal. On ne perd pas de temps pour l'expédier à l'inspecteur général Directeur de la reconstruction. C'est parti. S'il y a un reproche qu'on ne peut pas faire aux administrations c'est celui de pécher par précipitation. Il a fallu un an et demi pour que les services de l'inspecteur général directeur découvrent que le projet dépassait vingt millions (on le savait depuis le début). En conséquence, le plan proposé devait être soumis à une commission spéciale. Un architecte parisien garde le dossier pendant un an et demi. Mais, pour prouver sans doute qu'il a étudié le dossier, il propose quelques modifications, en particulier remplacer le toit en batière couvert en tuiles, par un toit plat couvert en cuivre. Les conseillers varavillais n'ignorant pas que le ciel normand pouvait être parfois pluvieux refusèrent unanimement cette idée géniale de l'architecte parisien. Ce n'est pas un obstacle. Mais avant de démarrer les travaux, il faut s'assurer du financement qui s'élève à 28 443 928 Francs. Nouveau déboire, le 18 Avril 1958, la commune est informée qu'aucun financement ne peut être effectué en espèces. Seul un financement en titres est possible. Le Conseil Municipal ne veut pas prendre de risque, il décide à l'unanimité d'attendre des temps meilleurs. Ca prendra un an. Enfin, le 30 mai 1959, le permis de construire est délivré et le financement en espèces assuré. Les démarches administratives ont duré cinq ans.

Une chapelle provisoire

Avant de bâtir, il faudra démolir ce qui reste du choeur de l'ancienne église, refuge de la paroisse. Il faut une église provisoire. Ce sera un modeste baraquement en bois installé à côté de la Mairie-Ecole (l'actuel parking). Trois artisans réalisent sa construction, Prod'homme pour la maçonnerie, Magdelaine pour la menuiserie et Bréville pour la couverture. Pendant plus de trois années ce quatrième abri provisoire depuis la libération permettra le déroulement de la vie paroissiale.

Les bâtisseurs

Les réponses aux appels d'offre sont étudiées le 30 juillet 1959. Sont retenues: l'entreprise Payen, d'Escoville, pour la maçonnerie, l'entreprise Lecomte, pour la charpente menuiserie, Bréville du Hôme pour la couverture-plomberie, Auvray de Caen pour l'installation électrique et Lemieux pour la peinture. La grande verrière en dalles de verre sera l'oeuvre de l'atelier Lecomte de Caen. Deux nouvelles cloches viendront tenir compagnie à celle bénite par Mgr Picaud en 1949, elles seront fondues à Villedieu par Cornille-Havard. On a aussi prévu le chauffage de la nouvelle église, confié à l'entreprise Guyon et Cie. C'est un progrès. Dommage seulement que les architectes ignorent ce que nous apprenions à l'école primaire du temps du certif, à savoir que l'air chaud s'entête depuis toujours à prendre de la hauteur. Les bouches de chaleur situées à mi-hauteur du mur du fond chaufferont la voûte mieux que les bancs. Les travaux commencent début octobre 1959. L'achèvement est prévu pour juillet 1963. Les délais sont respectés.

Une grande fête

La résurrection de l'église dix neuf ans après la destruction méritait d'être célébrée avec faste. Ce fut fait le vendredi 26 juillet 1963. La cérémonie commence à 15h30, mais la foule a pris de l'avance. A défaut de pouvoir pénétrer dans l'église, elle peut s'occuper à déchiffrer les inscriptions des deux cloches qui attendent dans le cimetière d'être baptisées par l'Evêque. On y lit leurs noms et ceux de leurs parrains et marraines. La première s'appelle Noëlle, Brigitte, Marie-Jeanne, Lucienne, ses parrains sont Gérard Labarrière et Lucien Rouvres, ses marraines Mme Louis Maître et Mme Lucienne Tirard. La seconde se nomme Louise, Suzanne, Laurence, Thérèse, les parrains sont Marcel Leroux et Roger Gaugain, les marraines Mme Marcelle Prod'Homme et Mlle Thérèse Quoniam. Mr Bernard, le Maire, ceint de son écharpe et entouré de son Conseil Municipal attend l'Evêque Mgr Jacquemin dont c'est la première visite à Varaville. Le préfet s'est fait représenter. Le directeur départemental de la construction est présent. Devant la porte de l'église discours du Maire qui résume le roman de la reconstruction, réponse de l'Evêque qui tient sur un coussin une clef supposée être celle de l'église. C'est un symbole, la vraie clef ne fait que quelques centimètres. Derrière l'Evêque et les personnalités, la foule peut enfin découvrir l'intérieur de la nouvelle église. Les proportions sont harmonieuses, le soleil généreux met en valeur les coloris de la grande verrière. Mais on retrouve aussi avec plaisir quelques rescapés de l'ancienne église: le grand Christ en bois qui domine l'autel, les vénérables fonds baptismaux, et surtout la très belle statue, XVIème siècle, de la vierge à l'enfant. J'ai raconté comment elle avait été brisée par les Huguenots au temps des guerres de religion, les morceaux cachés pendant des siècles dans la menuiserie d'un petit autel, sa découverte dans le années 30, sa restauration par les soins de l'Abbé Etienne en 1934. En 1944, elle parait bien perdue à jamais. On en retrouve 14 morceaux en déblayant les ruines du clocher. C'est un véritable deuil pour l'Abbé Etienne. Des amis, les Monteilhet, témoins de la désolation décident de le consoler. Ils habitent dans la Gironde et connaissent un sculpteur espagnol capable de prouesses, qui accepte de la restaurer. Il a promis qu'elle serait prête pour le 26 juillet. L'avant veille, on l'attend toujours. Un coup de téléphone annonce qu'elle est en route. Elle est là, un peu trop haut perchée pour que l'on puisse l'admirer de près, mais elle est là c'est le principal. La cérémonie commence par la bénédiction de l'église par l'Evêque. Puis c'est la première messe célébrée dans la nouvelle église. Mgr Durand, directeur du pèlerinage de Lisieux, ancien collègue de l'Abbé Etienne à l'institution Frémont en est le célébrant. Monsieur le curé est très fier de présenter l'Abbé Le Trocquer, le prédicateur. Il l'a connu enfant et lui a fait le catéchisme, il est le jeune doyen de la faculté de philosophie à l'institut catholique de Lyon. Reste à bénir les cloches. Tout le monde se retrouve au cimetière pour cette dernière cérémonie, mais avant de commencer, l'Evêque dit son plaisir d'épingler sur la poitrine de Marcel Leroux la médaille bien méritée pour des années de services dans la paroisse comme sacristain, chantre, sonneur. L'inévitable vin d'honneur est servi à l'Auberge de la Ferme, tandis que l'équipe de la maison Cornille-Havard se hâte d'installer dans le clocher les deux nouvelles baptisées. Elles ont carillonné longuement la fin de cette mémorable journée. La reconstruction de Varaville s'achevait dix neuf ans après sa destruction....